Cet article étant un essais, il ne sera bien sur pas publié, mais a retenu l'attention de la rédaction du magazine.
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Art et culture.
Et l’Art inventa le
Diable….
Une précision avant toute chose, on
n’accuse en aucun cas les Artistes de s’adonner à des actes sataniques, mais
posons-nous la question : Le diable a-t-il été un thème de l’Art sacré et
profane ? Ou bien est-ce l’Art qui fut l’inventeur du Diable lui
même ? On pencherait pour cette seconde hypothèse si l’on en croit
l’apparition relativement tardive de ce symbole du mal absolu. Même dans le
christianisme, c’est seulement à partir du XIIème siècle que « le grand
Diable » commence à avoir sa représentation corporelle d’être surnaturel et
effrayant. Auparavant, dans la bible et les croyances populaires, il n’était
qu’un nom redoutable d’Ange déchu : Satan, Lucifer, Belzebuth,
Baal-Moloch, etc.….. A ne prononcer qu’avec précaution.
Pendant le premier millénaire,
c’est l’art du spectacle de rue, les théâtres de villages, les contes de bateleurs, qui le
représentent sous la forme d’une myriade de démons hérités de folklores et de cultes
anciens, voir du paganisme. Ces démons de contes deviennent des personnages si
grotesques, si burlesques et si maladroits, qu’ils en sont comiques. Citons
pour l’exemple les contes provençaux sur Saint
Honorat et la légende des îles de Lérins. Le Diable et ses sbires finissent
immanquablement par être moqués, escroqués, et chassés, roués de coup sous les
rires des bons chrétiens hilares.
C’est surtout au XIVème siècle que
tout change avec l’imagination des penseurs chrétiens et des communautés
monastiques. Une imagination digne de romancier fantastique d’épouvante qu’il
leur faut mettre en image pour inquiéter l’homme du peuple. L’Art roman, la
peinture sacrée, la littérature commencent à représenter les premiers démons et
l’enfer d’une manière effrayante et épouvantable. Et à l’image de la vision de
l’enfer décrite par Dante, au cœur de ce monde de supplice, il trône, bestial
et surhumain, le Diable est désormais le souverain des enfers ! Subissant
une terrible métamorphose, il est représenté immense, impitoyable, malsain, il
broie les pêcheurs, les engloutis de ses multiples orifices, généralement une
gueule béante au niveau de la tête et du sexe ! Pour accomplir leur devoir
de représentation sacré, les artistes ne lésinent pas sur les scènes de tortures
et les détails sordides. Ainsi, l’Art au service de l’église atteint son
but : la dévotion pour éviter les supplices de ce tyran des enfers !
Niveau architecture, ce souverain
du mal terriblement puissant possède une fantastique forteresse
infernale : Le Pandémonium, (du Grec ancien « tout » et
« démon »), décrit par l’écrivain anglais John Milton dans Paradise Lost. Capitale des enfers, le
peintre anglais John Martin le représente en 1871 comme un titanesque palais
baroque à la mégalomanie démesurée et baignant dans les flammes de l’enfer.
Si « Deus ex Machina », Dieu est dans la machine (selon un procédé
théâtral), « Diabolus in Musica »
Le Diable est dans la musique ! Et cela à cause d’une note, dite note du
Diable : le triton. En musique, le triton est un intervalle dissonant, une
sonorité agressive, interdite, jugée dangereuse à la fin du Moyen Age car
susceptible de localiser le Diable. Un nombre incroyable de légendes gravitent
autour des pouvoirs diaboliques de la musique. L’on a dit du violoncelliste Paganini qu’il
avait vendu son âme au Diable, que Faust avait invoqué Lucifer par l’emploi du
triton, de même que Boito, Busoni…..Lors d’un opéra, persuadé par le son du
triton que c’était le Diable en personne qui était venu jouer, des spectateurs horrifiés se
jetèrent depuis les loges des balcons ! Ce qui en dit long sur les
superstitions de l’époque.
Littérature, peinture, musique,
arts graphiques et théâtre…. Les Arts firent du Diable une figure
incontournable de tous les médias à partir du XVIème siècle.
Sur employé par les médias modernes
comme le cinéma, et la contre culture haevy métal, la figure du Diable cornu et
velu tomba dans le ridicule. Le Diable se représente désormais comme une
présence maléfique latente, s’associant aux troubles psychiatriques et
tendances psychopathes de tueurs en série dans les romans (ex : le
thriller Les racines du Mal, de M.G.
Dantec). A noter que ce phénomène n’est pas nouveau, pendant les saintes
inquisitions, l’on parlait déjà du Diable tapis dans le corps et les âmes des
sorcières.
Ainsi, associés aux souffrances de
l’Histoire et aux superstitions, les Arts ont d'abord fait du Diable un démon brigand, l'ont ensuite couronné souverain des enfers puis l'ont dématérialisé comme
manifestation abstraite du mal. Quelle image lui donneront-ils à
l’avenir ?
Giovannoni Julien
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