Bienvenu sur mon Blog. A l'occasion de mon premier livre édité, j'en profite pour présenter mon actualité mes projets, certaines de mes nouvelles et sources d'inspiration.

lundi 17 mars 2014

Deux de mes nouvelles sélectionnées sur Ipagination.

Le rêve de l'homme en gris

Sélectionné en février 2014. Texte écrit par Julien Giovannoni

L'invisible homme gris de la mélancolie tend toujours sa toile des jours gris sur les lieux où il découvrit un autre univers,où il avait espérer trouver le bonheur qui semble s'enfuir sans cesse!

À lire absolument! Parce qu'il faut se méfier des rêves qui se réalisent trop bien et finissent par devenir des cauchemars. Parce que le rêve vaut la peine qu'on y sacrifie sa vie surtout lorsqu'elle est trop grise! Parce qu'une aube nouvelle commence toujours par être grise. Parce que l'idée de l'avenir est plus féconde que l'avenir lui-même et que l'avenir est un fantôme aux mains vides qui promet tout et ne cède rien du tout ou simplement parce que c'est
Peu lui (l'homme gris) importe de s’endormir des heures sous les vapeurs d’échappement du périphérique si de l’autre côté il se retrouve avec ses amis sincères dans de somptueux jardins. Peu lui importe de s’endormir dans un renfoncement d’immeuble sale au milieu des pigeons si de l’autre côté, il se balade amoureusement avec sa dulcinée. "



Le Temps (souvenir du Japon)

Sélectionné en février 2014. Texte écrit par Julien Giovannoni
L’auteur restitue de façon merveilleuse les ambiances et les odeurs du Japon. Chaque phrase est un voyage en elle-même.


Dès le début, Julien Giovannoni évoque la dimension spirituelle :
« Au pays du soleil levant, lorsque l’on peut s’offrir le privilège de prendre son temps, l’on s’aperçoit que chaque élément de la nature possède sa propre spiritualité. Tout y est symbole et métaphore. Je l’appris un beau matin et ne me sentis plus jamais le même. »
 
Petit détour par les plaisirs de la bouche…
« Le cuisinier posait alors sur notre table-comptoir, taillée dans le bois d’un unique grand pin, le dernier sushi du repas : l’Uni (le sushi à l’oursin). C’était l’apothéose dans la montée du goût. Traditionnellement, l’on devait le mettre en entier dans sa bouche. A ce moment là, le goût de l’iode provoquait un vif relent de dégoût, il fallait le surmonter et en le mâchant, l’Uni s’apprivoisait dans un remarquable éclat de saveur, achevant un repas d’une délicatesse rare. »
 
Pour se confronter enfin à ses propres limites :
« Vers la fin de la nuit, j’arpentais la route menant au sommet de la montagne. Au début, le sol était plat, il y avait peu de marches, mes pas étaient alertes. A la première pause, c’est là que je le vis. Silhouette d’un vieillard, courbé de dos, faisant face à l’horizon. »













mercredi 12 mars 2014

Le Disctrict Scoriboide (partie 1) "Carné"

( Ce texte est la version roman d'un scénario de Court Métrage imaginé par Jivaro, que l'on avait co-écrit en vu de le réaliser un jour. Notre objectif de le réaliser en version Court Métrage, même s'il est actuellement endormi, n'a pas été abandonnée. )




Le port,... le matin,.... l'eau claire, limpide et calme frôlant les doigts de pied du chômeur qui rêvassait assis sur le quai.…
Il connaissait bien cette plage attenante au port du Mouré-rouge, un endroit où son esprit pouvait être purgé des petites tracasseries quotidiennes.
La mer azuréenne s’étalait devant son champ de vision, sans un seul « bébé nageur » turbulent pour briser le son naturel et sauvage des flots. La plage était belle, pas impeccablement propre, mais belle. Courte, au sable chaud avec de minuscules brisures de quartz brillant de leurs reflets argentés. Et de l’autre côté, des arbustes verdoyants et quelques palmiers où se relayaient les chants des moineaux.
La sensation d’une renaissance chaque matin avec le levé du soleil qui éclaircissait peu à peu chaque parcelle du sol terrestre, reléguant les zones d’ombres à peau de chagrin.
 
Le chômeur se vit remettre un de ces journaux quotidien gratuit ce matin là. Et il profitait d’être allongé là sur le sable doux, dans cet environnement côtier encore tranquille, pour le lire.
Dès la première page, il aperçu les trois gros titres principaux de l’actualité. Les mots, en gros imprimés agressifs, semblaient posséder des pointes de lettres coupantes qui lui blessaient les yeux :
« Les chiffres du chômage en hausse ; pics de pollutions records dans les mégalopoles d’Asie ; Le parti des révisionnistes extrémistes exploite le profond malaise occasionné par la crise économique et les conflits sociaux actuels, il pourrait provoquer la surprise lors des législatives. »
Instantanément, ces trois gros titres firent une épouvantable combinaison dans l’esprit du chômeur. Il imagina d’immenses files d’attente de désespérés en guenilles, serrés dans d’étroits couloirs, la proximité déclenchant disputes et bagarres, pour la finalité de se disputer une seule offre de travail disponible pour des centaines de prétendants. Il pensa à des rues aseptisées, au sommet scellé par des dômes de verre les séparant d’une intense mélasse noire dans le ciel. Des douches anti bactériologiques brulantes et obligatoires à chaque changement de quartier.
Il vit une horde de fanatiques renaissant d'un passé cauchemardesque, brulant le savoir contenu dans les livres, clouant sur des croix ceux qu’ils jugeaient responsables de la décadence, grignotant peu à peu tous les pouvoirs et multipliant les interdits.
Il senti enfin la proximité d’un être sous la forme d’un gros morceau de viande carnée qui avançait la nuit sur un zone portuaire délabrée. Sa complainte douloureuse était des plus sinistres, il sentait cette chose juste derrière lui, se rapprochant dans un bruit mou ; il n’osait pas se retourner pour la voir, mais il la devinait en respirant son odeur froide. Il en avait peur, n’osait se relever et se retourner, pourtant il le fallait, il en était obligé.
La gorge bloquée, le cœur serré, la peau inondée de chair de poule, il fit un brusque revirement de sa tête, si fort qu’il risqua le torticolis. Il n’y avait rien de carné derrière lui. L’étrange sensation avait disparue. Il voulu presque en rire…. Presque.....
 
Il laissa vagabonder ses pensées, se parlant à lui-même de sa voix intérieure, joviale : « Quand j’étais petit je rêvais d’être un Conteur d'histoires..... En grandissant, le « District Scoriboides » m’a orienté vers la littérature. Après des années de faculté, diplôme en poche, j’ai fait toutes sortes de stages,…Ca ne valait rien !
« Des petits articles comme pigiste, et quelques scénarios pour trouver du pain……j’ai mis des années pour comprendre que je ne pourrais pas en vivre. Personne ne me l’avait jamais dit ! »
 
Des bruits de vagues firent redoubler les clapotements sur la compacte mer graisseuse, compacte comme une mélasse de fioul couverte de cloques. Le Chômeur se teint sur ses gardes, prêt à bouger en vitesse. En éclatant, les plus grosses bulles libéraient des sangsues particulièrement voraces. Il s’attendit au pire mais le groupe de cinq grosses bulles fut renvoyé au large par le reflux des vagues, bien avant qu’elles n’explosent.
Il pu se détendre à nouveau et reprit le flot de ses souvenirs :
« Un jour, les Craboïdes ont tapé à ma porte, ….. »
Il revécu cette scène jusqu’à ressentir de nouveau l’écœurante odeur de transpiration des deux « molosses » en uniformes noirs qui s’étaient postés devant sa porte, un pied botté déjà engagé sur l’intérieur du hall pour qu’on n’eut point la mauvaise idée de leur claquer la porte au nez.
 - Vous ne travaillez pas ! Vous êtes un parasite ! Lui avait dit un des deux Craboïdes d’une voix mécanique.
- Je suis Ecrivain ! S’était dédouaner le Chômeur.
- Vous êtes donc sans profession ! Vous serez convoqué !

Son souvenir s’interrompit au son d’un plouf magistral. Il redressa son torse instantanément et tenta d’apercevoir ce qui venait de troubler la surface de l'eau entre ses orteils. Bien qu’il n’aperçu rien d’alarmant dans la mélasse, il inspecta avidement chaque partie de son corps de peur d’y voir coller une grosse sangsue noire devenant obèse en s’engorgeant de son sang. L’inspection dura le temps nécessaire à ce qu’il soit totalement convaincu qu’il n’y avait nul parasite. Y comprit dans son dos et sa nuque pourtant protégés sur le sable gris granuleux.
Il ne fut totalement rassuré que lorsqu’il se rendit compte que le bruit d’eau provenait du sordide insecte rouillé : la cabine de chiotte publique juste à côté du port. Par l’entrouverture de la porte, il vit l’eau tourbillonner dans la cuvette des chiottes, elle avait éclaboussé jusque sur le dessus des bottes de l’ami 1 N° de série : U 001209542 ZI 9 qui sortaient de la cabine. Le regard du chômeur remonta sur son pantalon noir, jusqu’à une de ses mains (dégantée de son gant droit noir) qui effleurait la cellule photo électrique.
Le rond rouge lumineux d’interface de la cellule possédait une voix de pétasse assez inappropriée qui dit :
- N° de série : U 001209542 ZI 9  L’analyse de vos urines est correcte ! Vous pouvez circuler !
Ce fut au tour de l’ami 2 N° de série : U 001 19789005 ZI 014 à passer sa main devant la cellule photo électrique des toilettes.
La cellule, telle une chaudasse en manque, l’invita dans son « intimité » :
- N° de série : U 001 19789005 ZI 014  vous pouvez entrer !
La porte des toilettes s’ouvrit, L’ami 2 entra et la porte se referma derrière lui.
 
En les attendant, le chômeur se rhabilla et se rechaussa, ses pieds plongeant d’abord dans son pantalon, puis dans ses espadrilles... Il commençât à s’avancer en marchant lentement, dépassant les toilettes publiques, l’ami 1 qui attendait sur le côté lui fit un signe de tête discret et froid.
Le chômeur se mit à marcher vers l’ami 1, ce dernier portant l’uniforme bleu marine tendant vers le noir, tout comme l’ami 2, tandis que le Chômeur avait des vêtements civils aux motifs qui semblaient avoir été taillés dans une vieille tapisserie. Dès qu’il eut rejoint le niveau de l’ami 1, il entendit, d’abord  très doucement puis de plus en plus fort, un mix sonore de bruit de machines électroniques, comme la symphonie des scanners, imprimantes, téléphones, machines à écrire, clavier...etc. Les résonnances auditives se firent de plus en plus fortes.
Ils étaient à moins d’une dizaine de mètre de la cité-mur du District, une immense muraille d’appartements qui barre l’horizon entre la mer de mélasse et les terres derrière elle. Une grande muraille dépareillée aux vitres teintes, la cité-mur du district est très haute, on n’en voit pas la fin, ni horizontalement, ni verticalement. La muraille est la fin de leur univers, de leur monde. De l’autre côté, une légende prétend que se situe la parfaite négation de ce monde, conçu pour diviser les dimensions, rejeter de l’autre côté les angoisses, les peurs et les monstres générés lors du sommeille des justes. Une légende ! Car tout le monde sait que le District sert à préserver les citoyens des contaminations.
A son sommet, la cité-mur rejoint le ciel et disparait sous une intense brume, des amas nuageux compacts aux différentes teintes jaunâtres : le jaune-Pékin.
 
L’ami 2 sort des toilettes à son tour et les rejoint, levant tous les trois la tête pour constater l’amplitude de la brume et des nuages jaunes, ils sortent chacun un masque respirateur noir relié à un long tube descendant jusqu’à un purificateur d’air portatif en banane autour de leur taille. L’odeur plastique de l’appareillage bon marché heurte les narines du Chômeur.
En se rapprochant du mur, ils entendent des échos de gens qui parlent, et des sons divers qui tels des vestiges d’existences disparaissent aussi subitement qu’elles sont apparues.
 
Les trois hommes au souffle baryton sous leurs masques s’engagèrent dans une courte allée délimitée de chaque côté par des alignements de Bunker-réservoirs à demi-ensevelis sous la terre sèche. A l’entrée, fixée contre le mur du premier bunker, un écran surveillance avec un œil interface les dévisagea. Les trois passèrent sans s’en préoccuper.  
Les tuyaux hors d’âge qui sortaient de ces blocs de béton fuyaient un liquide visqueux et noirâtre. Au fond de l’allée se situait un autre bâtiment réservoir au sommet en demi-cercle, orné de cheminées d’où fuyaient des flots de vapeur. La devanture de ce bâtiment ne possédait qu’une unique porte en fonte verte surmontée d’une enseigne, un panneau ou s’écrivait en lettres immenses, District.
 
Ami 1, ami 2 et le Chômeur passèrent cette porte pour pénétrer dans un long couloir glauque où seules des couches délavées de béton ornaient les rebords et de faibles néons verts clignotants éclairaient l’intérieur par intermittence. 
Sitôt la lourde porte en fonte refermée dans un bruit sourd et résonnant, ils s’enlevèrent leurs désagréables masques à oxygène purifié. 
Plus ils avançaient, plus ils s’enfonçaient dans l’obscurité intérieure. 
Le Chômeur, marchant en dernière position peinait de plus en plus à deviner les  dos de ses deux compagnons à cause de l’intensité de la pénombre… 
Il repérait leur présence par les sons monocordes de leur voix. Ami 2 parla en premier, probablement sans se retourner même si le Chômeur ne pouvait s’en rendre compte avec ses yeux : 
- C‘est la dernière fois qu‘on t‘accompagne. Sais-tu pourquoi ? 
- Non !  
- On va être accusé de collusion ! 
L’ami 1 approuva, seul une plus grande gravité de sa voix le différenciait vocalement d’ami 2. 
- Oui, et nous risquons de partir au camp de Dante !  
- Personne n’en est revenu…jamais ! Renchérit ami 2 
Le chômeur se sentait ingénue devant sa propre ignorance : 
- C’est quoi le camp de Dante ?  
 Les amis 1 et 2 attendirent d’arriver pile sous un des néons tressautant pour s’arrêter, se retourner vers le Chômeur et se regarder interloqués… 
- L’enfer ! Dit simplement ami 1 en affichant toutes ses dents, brillantes par intermittence sous le tressautement verdâtre du néon.
 
Opprésé par l’ambiance sonore et visuelle de cette déclaration, le Chômeur garda la tête baissée, il fit un mouvement de tête opinant vers le sol comme pour dire qu’il comprenait et avança entre ses deux compagnons sans oser les regarder, et sans se retourner un fois qu’il était passé devant eux.  
- Merci, dit-il, vous êtes de vrais amis !
 
Il continua à s'éloigner doucement en avant, toujours plus loin dans ce couloir de pénombre à peine haché par de longs intervalles de faibles néons verdâtres,  tandis que ami 1 et ami 2 restaient immobiles, le regardant s’éloigner.  
- Il n’est pas productif, dit d’abord ami 2. Il va finir Scoriboïde ! 
- Et on n’aura pas de bons alimentaires car il est contaminé ! Enchaina ami 1 avec un vestige de tonalité plaintive dans sa voix. 
- Qu’est ce que ça change ? La bouffe aussi est contaminée ! 
- Je sais où l‘échanger contre un peu de sérum  nano-protéidique ! 
- Ne m’embarque pas dans tes histoires ! Je tiens à rester dans la milice !
 
La vision de la silhouette du Chômeur devenait floue dans le lointain du nouvel intervalle de néon clignotant, on entendait cependant encore ses pas résonner avant que son image, tout comme ses bruits ne disparaissent dans la nuit intérieur du District…
 
(La suite dans : Inscription au District)